Les Anonymous sont fondés sur le forum 4chan en 2003. Peu à peu, le groupe prend de l’ampleur et apparaît lorsqu’il s’agit de lutter contre les inégalités, les injustices ou encore contre la censure de la presse. De Habbo Hotel au mouvement Black Lives Matter, Études Tech revient sur l’histoire du plus grand groupe de hackers.
Qui sont les Anonymous ?
La création du groupe Anonymous
La première apparition de Anonymous remonte à 2003 sur le forum de discussion anonyme, 4chan. Il s’agit d’une communauté d’hacktivistes qui a pour objectif de défendre la liberté d’expression et de lutter contre les injustices. Néanmoins, il est difficile de déterminer très clairement les objectifs du groupe à cause de leur décentralisation.
En effet, Anonymous ne peut pas être décrit comme une organisation, car aucune hiérarchie n’est établie. De fait, tout le monde peut se revendiquer être membre du groupe Anonymous. La marque de fabrique du collectif ? Le DDoS ou Attaque Distribuée par Déni de Service en français. L’objectif est de surcharger un site web, un réseau ou un service afin que les serveurs ne soient plus capables de gérer cet important nombre de connexions, ce qui entraîne inévitablement un crash. Les Anonymous sont également friands du doxing, autrement dit la récolte de données personnelles d’un individu afin de les exposer au grand public.
La première apparition des Anonymous
Les Anonymous font leur première apparition sur le jeu vidéo Habbo Hotel. Pour les plus jeunes qui nous lisent, Habbo Hotel était un jeu en ligne fortement apprécié, du milieu des années 2000 jusqu’au début des années 2010. Le concept était plutôt simple : Créer son avatar et vivre sa vie en interagissant avec les internautes connectés en ligne via leur avatar. Il était possible d’acheter différentes propriétés comme des appartements, des bars ou encore des boîtes de nuit.
Une rumeur circulait, selon laquelle, les modérateurs du jeu bannissaient les avatars à la peau noire. Pour contester cela, les Anonymous, via 4chan, ont décidé d’organiser un mouvement de contestation où de nombreux utilisateurs se sont donnés rendez-vous dans une piscine du jeu avec des avatars à la peau noire, possédant une coupe afro et un costume gris. Le 12 juillet 2006, le groupe considère le jeu comme étant raciste. Même si ce mouvement est bien loin des agissements que l’on connaît de la part des Anonymous, c’est grâce à lui que le collectif est aujourd’hui réputé pour défendre les causes raciales.
Lulzec : Un dérivé des Anonymous
L’apparition de Lulzec peut être datée au début de l’année 2011. Il s’agit d’un groupe composé d’anciens membres des Anonymous, déçus de la direction militantisme prise par le collectif. Contrairement à leur ancien groupe, Lulzec possède une hiérarchie claire avec, en tête, Sabu. Leur objectif reste le même que celui du temps où ils exerçaient au sein des Anonymous : S’amuser. Pour cela, ils entreprennent diverses attaques contre des compagnies de jeux vidéo ou exercent certaines demandes de fans, toujours avec le même mot d’ordre, l’amusement et le troll. À ses débuts, Lulzec avait la particularité de ne dévoiler aucune information personnelle sur ses victimes. Par exemple, ils ont hacké le site de Nintendo dans l’unique but de montrer qu’ils pouvaient le faire. Le développeur japonais n’a constaté aucune fuite de ses projets suite à cette l’attaque. Lulzec a ensuite mené une action assez particulière : Ouvrir une ligne téléphonique dans laquelle ils proposent leurs services. Les autorités américaines pensaient qu’ils allaient réussir à leur mettre la main dessus, avec le numéro d’indicatif qui renvoyait dans l’Ohio. Cependant, au bout du fil, se trouvait un certain Pierre Dubois, s’exprimant en anglais, avec un fort accent français. Cela n’a pas aidé les autorités dans leurs recherches.
Malgré tout, leurs agissements les ont vite placé en rivaux des Anonymous. Cependant, les deux groupes ont rapidement mis fin aux rumeurs et se sont qualifiés de « Frères d’Internet ». Ces derniers ont même collaboré ensemble, lors de l’affaire Wikileaks. En effet, ils ont participé à la déclassification de documents secrets des Américains, ce qui entraînera un changement de statut de leur part. Malheureusement, les confrères d’Internet n’ont pas la faculté d’être introuvables, comme c’est le cas des Anonymous. La raison ? Ils possèdent un chef. En 2014, Sabu, le numéro 1 de l’organisation, est remonté par le FBI. Ce père de famille de 28 ans collabore rapidement avec les autorités et fournit des informations sur cinq membres importants de Lulzec. Ces derniers se font rapidement arrêter. Ces diverses arrestations sonnent le glas pour l’organisation. Aujourd’hui, certaines personnes se proclament encore de Lulzec, mais le groupe est loin d’avoir l’ampleur acquise en 2014.
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La croisade contre l’Église de scientologie
Les Anonymous voient leur notoriété exploser après leurs agissements contre l’Église de scientologie. Tout commence le 16 janvier 2008, lorsqu’une vidéo de Tom Cruise est diffusée sur YouTube dans laquelle il proclame que seuls les scientologues sont des experts de l’esprit. L’Église de scientologie parvient à obtenir la suppression de la vidéo et cela va énerver les partisans du groupe Anonymous. L’opération Project Chanology est lancée. Anonymous accuse les scientologues de censure du net. Ils lancent une vaste opération de DDoS et de spamming des membres du groupe. Les Anonymous publient un communiqué dans lequel ils accusent l’Église de scientologie de propagande ayant une influence malveillante sur leurs disciples. Le groupe demande la destruction de cette Église. C’est à partir de ces événements que l’identité Anonymous voit le jour.
En effet, le premier communiqué du groupe marque l’apparition de leur slogan devenu leur marque de fabrique « Nous sommes Anonymous. Nous sommes légions. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Attendez-nous ». Par la suite, des manifestations ont lieu dans diverses villes du monde. C’est ici qu’apparaît l’emblématique masque des Anonymous, inspiré du film, V pour Vendetta, lui-même inspiré de Guy Fawkes.
Guy Fawkes était un catholique anglais. Il était membre de la conspiration visant à faire exploser la Chambre des Lords en 1605 pour tuer le roi de l’époque, François Ier. Bien qu’il ne soit pas lui-même le principal instigateur de l’opération, il est le plus connu suite à son arrestation et exécution. Ce personnage est devenu un symbole de la lutte contre l’oppression. Étant en parfait alignement avec cette idéologie, les Anonymous se sont donc inspirés de lui.
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Les Anonymous, alliés de Wikileaks
La défense de Wikileaks
Fondé en 2006, Wikileaks est un site spécialisé dans la déclassification de documents secrets. Il s’est fait un nom dans les années 2010, en révélant des documents chocs sur le comportement des Américains durant la guerre en Irak. Tu peux t’en douter, ces révélations n’ont pas plu aux Américains qui ont tenté de faire taire Julian Assange, le fondateur de Wikileaks. Suite aux révélations de 2010, la Maison Blanche engage des poursuites judiciaires contre Julian Assange. Pour éviter tout problème, Visa, Mastercard, Paypal ou encore Amazon retirent leur soutien à Wikileaks. C’est à ce moment-là qu’interviennent les Anonymous. Les cyberhackers contestent la censure que subit Julian Assange et décident de contre-attaquer. Pour cela, il lance l’opération Payback. Les Anonymous lancent une vague de DDoS sur les serveurs de Visa, Mastercard et Paypal. Tu noteras qu’Amazon a échappé à cette vague de cyberattaques. Tu l’auras compris, les Anonymous ne se qualifient pas comme des hackers, mais comme des citoyens d’Internet fatigués de voir régner les injustices.
Un soutien aux dépens de Julian Assange
Depuis les révélations de 2010, Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, fait partie des cibles prioritaires pour le gouvernement américain qui tente de l’extrader, en vain. À ce jour, le fondateur de Wikileaks est sous le coup de 18 chefs d’accusation qui incluent notamment conspiration, hacking et espionnage. Il est accusé d’avoir tenté de recruter des hackers de Lulzec et d’Anonymous pour tenter de récupérer des données confidentielles du FBI ou encore de la CIA. Dans les faits, les autorités américaines n’ont aucune preuve de cela, mais plusieurs éléments pointent contre Julian Assange. Ce dernier aurait contacté le leader de Lulzec pour obtenir des renseignements sur certaines personnes du FBI, de la CIA, mais aussi du New York Times. Plus tard, Wikileaks a obtenu et a publié des données confidentielles dérobées juste après une attaque des membres de Lulzec rallié à Anonymous. Les autorités américaines estiment que Julian Assange a réussi à se procurer ses données auprès des Anonymous. À l’heure actuelle, son extradition du Royaume-Uni vers les États-Unis n’a toujours pas eu lieu, bien que trois années se sont écoulées depuis son arrestation.
La nouvelle stratégie d’Anonymous
Après l’opération Payback, les Anonymous concluent que les puissants dignitaires craignent, plus que jamais, que leur image soit détériorée auprès du grand public. Par conséquent, le collectif change de stratégie. L’opération Payback prend fin pour être remplacée par l’opération Leakspin. Le nom de cette opération vient d’une figure assez connue de la part des internautes. Dans cette opération, au lieu d’enchaîner les DDoS de grands services, les Anonymous décident de s’attaquer directement à des personnalités. Le collectif invite les internautes à se plonger dans les documents dévoilés par Wikileaks et de trouver des informations compromettantes, sans oublier d’en dévoiler un maximum au grand public.
Ce n’est pas le seul cas où Anonymous a révélé des informations privées d’une personnalité. Le doxing, comme on l’appelle, a été employé en 2012, dans le cadre d’une affaire de pédopornographie. Cette année-là, le collectif entreprend une vaste opération de diffusion de données personnelles d’utilisateurs de sites pédopornographiques. Cela va du compte Facebook à l’adresse personnel en passant par la boîte mail. Cette action, centralisée principalement du côté de la Belgique et des Pays-Bas, fait effet. Le nom d’un élu local belge, Hans-Peter Luycks, est divulgué et il démissionne peu de temps après. Bien que cette démission puisse sembler suspecte, le principal concerné se justifie en disant qu’il ne s’agit aucunement d’un aveu. Pour sa défense, il déclare que la boîte mail, d’où sont issus les messages pédopornographiques, a été piratée et que cela peut tout expliquer.
Néanmoins, malgré le fait que cette action réussisse, elle a essuyé de fortes de critiques. Les autorités se sont plaintes que la divulgation de ces informations entravait fortement leur travail. Selon eux, cela les empêchait de faire chuter des réseaux de pédophilie bien plus importants. Les associations de victimes d’actes pédophiles ont déclaré qu’il est nécessaire de soigner les pédophiles, plutôt que de les exposer sur place publique, comme les Anonymous l’ont fait.
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Le mouvement Black Lives Matter : Le retour des Anonymous
L’année 2020 a été marquée par deux événements majeurs : La pandémie de Covid-19 et l’e second l’assassinat par balle de George Floyd, par un policier. Les mouvements de protestation contre les violences raciales se sont multipliés. Discrets pendant plus de 5 ans, les Anonymous ont fait leur grand retour et ont entrepris de nombreuses attaques contre la police de Minneapolis. De nombreux sites officiels de la ville ont été victimes d’attaques. Comme leur slogan le sous-entend, les Anonymous sont légion. Par conséquent, Minneapolis n’est pas la seule ville à avoir été victime d’attaques. La police de Chicago a, elle aussi, été piraté par les Anonymous. Leurs fréquences ont été détournées, les policiers ne pouvaient plus passer d’appel, et à la place, le célèbre morceau de N.W.A « Fuck Tha Police » était diffusé en boucle.
Durant ces événements, les Anonymous ont reçu un important soutien de la communauté d’Internet la plus soudée : Les K-Pop Stans, autrement dit, les plus grands fans de fan de K-Pop. Ces derniers n’hésitent pas à rappliquer par centaines pour défendre une cause qui leur est chère. Ainsi, pendant les événements de 2020, les K-Pop Stans se sont ligués contre la police américaine, ce qui a multiplié les crashs sur les serveurs.
Tu l’auras compris, les Anonymous auront acquis leur réputation au fil des années pour s’imposer comme des réelles références en matière de hacking. Dernièrement, ils ont fait parler d’eux au début du conflit russo-ukrainien en piratant des sites gouvernementaux russes. Grâce à leur nature décentralisée, il est très difficile de mettre la main sur les Anonymous. C’est pourquoi le groupe continue de prospérer.
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