Le nom de Margaret Hamilton ne t’évoque probablement rien, mais ses travaux se sont avérés indispensables dans la réussite de la célèbre mission Apollo 11 vers la Lune. Éminente scientifique, elle s’est démarquée par ses compétences avancées en informatique, pour l’époque. Retour sur la vie de l’une des grandes figures scientifiques de son temps, longtemps sous-estimée.
Le parcours de Margaret Hamilton
Margaret Hamilton naît le 17 août 1936 dans l’Indiana. Elle est une informaticienne, ingénieure système et entrepreneuse américaine. Passionnée par les mathématiques dès son jeune âge, elle fréquente la Ockham High School, avant de poursuivre ses études à l’université du Michigan, où elle obtient un diplôme de licence en mathématiques. Alors âgée de 22 ans, elle commence sa carrière dans l’enseignement de cette discipline.
Deux ans plus tard, Margaret Hamilton déménage dans le Massachusetts et rejoint le célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) pour travailler sur le développement de logiciels de prédiction météorologique. Au bout de quelques mois, elle change de direction et rejoint le projet militaire SAGE, où elle contribue à l’élaboration de l’un des premiers systèmes informatiques de défense antimissile de la NASA.
En 1963, elle est recrutée par le laboratoire Draper du MIT, qui a pour mission de gérer les logiciels du célèbre programme Apollo. Avec son équipe, elle développe un système de priorisation des tâches qui s’est avéré essentiel pour permettre aux astronautes d’atterrir sur la Lune lors de la mission Apollo 11, qui a amené les premiers humains à fouler le sol lunaire. Son travail novateur en génie logiciel et en fiabilité des systèmes informatiques a été crucial pour assurer le succès des missions spatiales.
En 1986, Margaret Hamilton fonde sa propre entreprise, Hamilton Technologies, dans laquelle elle dirige principalement le développement d’un nouveau langage de programmation. En parallèle, elle continue à contribuer au domaine de l’informatique et de l’ingénierie logicielle tout au long de sa carrière.
En reconnaissance de ses réalisations remarquables, Margaret Hamilton a reçu la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile des États-Unis, en 2016 : une récompense qui arrive plus de quarante ans après le succès de la mission Apollo 11, témoin du manque de reconnaissance dont elle a été victime tout au long de sa carrière. Ne nous y trompons pas, Margaret Hamilton mérite sa place au panthéon des scientifiques les plus importantes de sa génération.
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Apollo 11, le plus grand accomplissement de Margaret Hamilton
Qu’est-ce que la mission Apollo 11 ?
Mission spatiale historique menée par la NASA, l’agence spatiale américaine, Apollo 11 a abouti au premier alunissage et à la première marche de l’homme sur la Lune. Elle s’est déroulée du 16 au 24 juillet 1969. L’équipage d’Apollo 11 était composé de trois astronautes : Neil Armstrong, commandant de la mission et pilote du module lunaire, d’Edwin « Buzz » Aldrin, qui accompagne Armstrong sur le sol lunaire, et de Michael Collins, pilote du module de commande et de service qui restera en orbite lunaire.
Le 20 juillet 1969, le module lunaire Apollo, appelé Eagle, a atterri en toute sécurité sur la surface de la Lune dans une région connue sous le nom de Mer de la Tranquillité. Neil Armstrong est sorti en premier et a prononcé la célèbre phrase : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité. » Buzz Aldrin l’a rejoint plus tard, et ensemble, ils ont mené des expériences scientifiques, ont collecté des échantillons lunaires et ont installé des instruments.
La mission Apollo 11 reste dans l’histoire pour sa symbolique évidemment, mais est aussi le triomphe technologique qu’elle représente. Elle a démontré la capacité de l’humanité à atteindre la Lune et a ouvert la voie à cinq autres missions Apollo qui ont également réussi à alunir. Lors de ces dernières, les astronautes ont rapporté des échantillons lunaires précieux, ont effectué des expériences scientifiques et ont fourni des données cruciales pour la compréhension du système lunaire, et plus globalement du système solaire.
Au total, douze astronautes ont foulé le sol de la Lune lors des missions Apollo entre 1969 et 1972. Elles ont marqué un tournant dans l’histoire de l’exploration spatiale et ont inspiré des générations de personnes à rêver de nouvelles frontières pour l’humanité au-delà de la Terre… des accomplissements inimaginables sans le travail acharné des ingénieurs au sol, et donc de Margaret Hamilton.
Le rôle de Margaret Hamilton dans la réussite de la mission Apollo 11
Entrée à la NASA au début des années 60, Margaret Hamilton s’affirme comme un élément important de l’agence au fil des années, jusqu’à ce qu’elle soit chargée d’une partie de la conception et gestion des systèmes informatiques du programme Apollo, qui prévoit des expéditions spatiales.
Dès lors, son rôle prend une importance de plus en plus prépondérante puisqu’elle doit concevoir le système embarqué d’Apollo, autrement dit, le cerveau du futur vaisseau. La tâche est complexe, les échecs nombreux, mais Margaret trouve toujours une parade pour surmonter les problèmes.
Grâce à son système de priorisation des tâches, Margaret Hamilton a joué un rôle vital dans la mission Apollo 11. Le 21 juillet 1969, alors que le module lunaire s’apprêtait à alunir, de nombreuses alarmes se sont déclenchées. L’ordinateur de bord subissait une surchauffe anormale et était incapable de traiter toutes les données simultanément.
Heureusement, Margaret avait intégré des programmes de récupération dans le logiciel, ce qui permettait d’éliminer les tâches de priorité inférieure et d’exécuter celles de priorité plus élevée. Si l’ordinateur n’avait pas reconnu le problème et entrepris ces actions de récupération, la mission Apollo 11 aurait pu très mal se finir.
Cette période au sein de la NASA était pleine de challenge… Mais aussi remplie de très hautes responsabilités. Dans une interview donnée à l’agence spatiale américaine, elle évoque avec ces années avec nostalgie : « De mon point de vue, l’expérience logicielle elle-même était au moins aussi excitante que les événements qui entouraient notre mission… Il n’y avait pas de seconde chance. Nous le savions. Nous prenions notre travail très au sérieux, beaucoup d’entre nous commençant cette aventure à à peine 20 ans. Trouver des solutions et de nouvelles idées était une aventure. […] Parce que le logiciel était un mystère, une boîte noire, la direction avait une foi et une confiance totales en nous. Nous devions trouver un chemin, et nous l’avons fait. Quand je regarde en arrière, nous étions les personnes les plus chanceuses au monde : nous n’avions pas d’autre choix que d’être des pionniers. »
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