Nicolas Gayton pilote SIGMA Clermont depuis mai 2021. Pour Études Tech, il revient sur sa première année à la tête de l’école d’ingénieurs qui place la recherche et l’innovation au cœur de sa pédagogie. Formation, mobilité internationale, vie associative, réseaux de partenaires… On te dit tout ce que tu dois savoir sur l’école SIGMA Clermont !
Qui est Nicolas Gayton, directeur de SIGMA Clermont ?
Pouvez-vous revenir sur le parcours qui vous a conduit à la direction de SIGMA Clermont ?
J’ai commencé ma carrière en tant qu’ingénieur, notamment dans le secteur automobile. En 2006, j’ai rejoint SIGMA Clermont comme maître de conférences puis professeur universitaire en 2017.
Le mandat de Sophie Commereuc touchant à sa fin, je me suis porté candidat à la direction de SIGMA Clermont en janvier 2021. Avec une importante équipe, j’ai travaillé sur la question d’un projet spécifique à défendre pour l’école dans le cadre de cette candidature. Ma nomination a été retenue par le conseil de l’école puis validée par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche le 8 juillet 2021. Depuis juillet dernier, je suis donc le directeur de SIGMA Clermont pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois.
Comment présenter SIGMA Clermont à ceux qui ne connaîtraient pas l’école ?
SIGMA Clermont est une école d’ingénieurs publique évoluant sous la tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation. Cette école est née de la fusion de l’ENSCCF (École Nationale Supérieure de Chimie de Clermont-Ferrand) et l’IFMA (Institut Français de Mécanique Avancée) en 2016, ce qui fait de la chimie et de la mécanique ses deux principaux domaines de spécialisation.
Vous tenez à ce que la recherche occupe une place essentielle dans l’école. En quoi contribue-t-elle à la délivrance d’un enseignement de qualité ?
Chaque année, nous formons près de 1 100 étudiants tous programmes et spécialisations confondus : mécanique avancée, génie industriel, chimie, matériaux, robotique, structures, systèmes et génie des procédés. Pour les accompagner, nous avons à nos côtés près de 120 personnels, dont plus de 80 enseignants-chercheurs. Trois laboratoires sont mis à leur disposition :
– le LIMOS (Laboratoire d’Informatique de Modélisation et d’Optimisation des Systèmes) dédié à l’analyse des données et l’informatique ;
– l’ICCF (Institut de Chimie de Clermont-Ferrand), consacré à la chimie ;
– l’IP (Institut Pascal), axé sur la mécanique et le génie industriel.
Dès la troisième année de formation, nos étudiants sont directement impliqués dans des projets industriels concrets. Celles et ceux qui souhaitent poursuivre par des activités de recherche, peuvent réaliser un semestre en laboratoire en France ou à l’étranger. Au total, 9% de nos étudiants poursuivent en thèse. La plus grande majorité de nos ingénieurs est placée dans l’industrie.
L’offre de formation proposée à SIGMA Clermont
Outre les spécialisations historiques de l’école, SIGMA Clermont monte en puissance sur la question des datas…
Nos programmes portent en effet sur des savoir-faire depuis longtemps développés au sein de l’école : génie industriel, mécanique avancée, chimie, matériaux, robotique, structures, systèmes et génie des procédés.
Mais il n’a échappé à personne que la “data” est devenue incontournable dans notre économie. Cette année, nous recrutons la 5e promotion du mastère spécialisé Data Science pour l’ingénierie qui a été l’un des premiers créés en France par une école d’ingénieurs. Ce programme est soutenu par des entreprises qui acceptent de nous fournir des données industrielles réelles. Cela permet aux étudiants une approche plus concrète des problématiques rencontrées dans le monde du travail.
Quelle est votre définition de la “tech” ? Est-ce un univers dont SIGMA Clermont est proche ?
La tech regroupe l’ensemble des thématiques liées au numérique (analyse de données, data sciences, intelligence artificielle, prédictions, etc.) Dans les organisations, ces spécialités relèvent en priorité du rôle d’un financier. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles ne concernent pas les ingénieurs. Loin de là ! À SIGMA Clermont, nous formons de futurs professionnels capables de faire appel à ces notions pour résoudre des problématiques relevant traditionnellement des compétences de l’ingénieur : suivi par caméra grâce à l’IA, analyse d’images, etc.
La robotique fait également partie de la tech. Aujourd’hui, nous réalisons de l’usinage robotisé et l’impression 3D. Par exemple, nos étudiants travaillent sur StrongArm, un projet né d’une collaboration avec l’ASM Omnisport qui vise à développer un robot d’entraînement au rugby en mêlée fermée. L’objectif étant de simuler différents scénarios possibles à l’aide du robot afin d’améliorer la performance individuelle des joueurs pendant une mêlée sans mobiliser une équipe complète, comme c’est le cas pour un entraînement classique.
La transition énergétique fait-elle l’objet de cours spécifiques dans vos différentes formations ?
L’engagement de nos étudiants en faveur du développement durable et de la transition écologique nous encourage naturellement à faire évoluer nos programmes dans ce sens. Notre ambition première est de permettre à nos futurs diplômés de savoir analyser les conséquences énergétiques engendrées par leurs propres décisions une fois en entreprise, quels que soient le poste, le secteur et l’entreprise où ils exerceront.
Dès la rentrée 2022, nous demanderons à tous nos étudiants de faire figurer dans le rapport qu’ils produisent obligatoirement pour valider leur diplôme une partie consacrée à ce sujet. Ils devront mesurer l’impact de leur projet sur l’environnement et partager avec le jury leurs observations.
Les 5 piliers stratégiques du développement de SIGMA Clermont
Vous avez hérité de la direction d’une école issue d’une fusion relativement récente. Est-elle entièrement “digérée” ?
Fusionner deux écoles historiques (ENSCCF et IFMA) prend du temps et nous continuons effectivement de développer cette fusion intervenue en 2016, notamment à travers la création de nouvelles filières qui allient les compétences en mécanique et en chimie. En parallèle, nous entamons notre mutation pédagogique vers l’industrie 4.0 qui, pour rappel, allie les technologies numériques (réalité augmentée, impression 3D, etc.) aux objets réels afin d’atteindre de meilleures performances.
Sur quels piliers s’appuie la stratégie que vous avez prévu de déployer le temps de votre mandat à la tête de SIGMA Clermont ?
Elle s’oriente autour des 5 grands axes suivants :
Industrie : depuis plus de 35 ans, la Fondation SIGMA participe au développement des orientations en matière de recherche, recrutement et enseignement. Elle favorise notamment les relations entre nos étudiants et les entreprises, notamment grâce à notre important réseau d’alumni. La Fondation SIGMA accompagne nos élèves dans leur recherche de stage en entreprise, obligatoire pour valider leur diplôme, notamment dans le secteur industriel, très porteur d’emploi (génie industriel, industrie 4.0, etc.).
International : notre pédagogie se caractérise par une forte dimension internationale. Tous nos étudiants doivent valider une expérience significative à l’international. Qu’il s’agisse d’un échange académique ou d’un stage long. Ils étudient également deux langues étrangères. L’anglais est obligatoire (il faut avoir validé au moins 800 points au TOEIC) et ils ont ensuite le choix entre l’espagnol, l’italien et l’allemand pour la LV2. La LV3, elle, est facultative.
Innovation/Recherche : notre mission est de former nos étudiants aux métiers de demain et non pas des techniciens qui vont répéter les mêmes gestes toute leur vie. C’est notamment pour cela que nous accordons une grande importance au lien entre l’enseignement et la recherche. Nous veillons à ce qu’en restant proches de différents sujets de recherche qui animent nos équipes enseignantes, nos étudiants se révèlent curieux, polyvalents et sensibles aux potentiels sujets d’avenir.
SHS : l’équivalent de 30% du cursus est consacré aux sciences humaines et sociales. Ces enseignements, qui ne sont pas en lien direct avec les savoirs techniques traditionnellement dispensés dans les écoles d’ingénieurs, ont une réelle valeur ajoutée : ils contribuent fortement à développer l’esprit d’ouverture et le savoir-être de nos étudiants, ce qui les distingue une fois sur le marché de l’emploi.
Le bien-être étudiant : nous veillons à offrir un cadre d’enseignement bienveillant et exigeant. Tous les cours ont rebasculé à 100% en présentiel. Nous restons à l’écoute de nos étudiants tout en donnant du sens à ce qu’ils font à chaque instant. Des créneaux et des lieux d’échanges ont été mis en place pour favoriser le dialogue. Le foyer de SIGMA Clermont, haut lieu de la vie associative de l’école, est également un lieu très apprécié par nos étudiants. Et nous avons choisi d’installer un piano en libre accès dans le hall de l’école.
Qu’en est-il de la vie associative ?
Elle occupe aussi une très grande place dans le quotidien de nos étudiants, et leur permet d’être acteurs de leur formation. Avec 40 associations et clubs différents, nous disposons du plus grand foyer associatif de Clermont-Ferrand. Sur nos 1 100 étudiants, une centaine est engagée dans les bureaux associatifs, et beaucoup d’autres sont des membres actifs, aidant au déploiement des différents projets.
Qu’en est-il de l’insertion professionnelle de vos étudiants ?
En l’espace d’un an, 94% de nos diplômés 2020 sont en situation d’emploi et 88% occupent un CDI. Quant à la promotion 2021, 90% d’entre eux ont trouvé un emploi, six mois après l’obtention de leur diplôme. La Recherche et Développement ainsi que les missions en ingénierie et conseil apparaissent comme les fonctions les plus occupées par les ingénieurs SIGMA Clermont, illustrant l’expertise acquise au cours de leur cursus.
SIGMA Clermont, une école d’ingénieurs au cœur de différents réseaux
SIGMA Clermont, École de Clermont Auvergne INP Groupe, Fédération Gay Lussac, Institut Mines-Télécom… SIGMA Clermont multiplie les associations. Pouvez-vous nous en expliquer les bénéfices pour l’école ?
En plus d’être accréditée par la CGE et labellisée par la CTI, notre école est une école de Clermont Auvergne INP depuis le 1er janvier 2021. Cela se traduit par des objectifs communs, notamment à l’international. Celle collaboration nous permet d’être davantage en position de force dans le cadre de nos échanges avec des universités étrangères. Avec la Fédération Gay-Lussac et au sein de l’IMT, ce sont des actions davantage orientées sur le recrutement d’étudiants que nous conduisons.
Nous avons également une prépa intégrée à la Fédération Gay-Lussac et avec qui nous partageons ces 100 étudiants. Ces derniers sont interclassés et nous en récupérons 24. À noter que 80% de nos étudiants sont admis via la prépa et le concours CCINP.
SIGMA Clermont est également affiliée à l’Institut Mines-Télécom, ce qui fait de notre établissement la seule école experte dans le domaine de la “mécanique” du groupe. Sur les 3 cycles ingénieurs que nous proposons, nous recrutons ensemble sur celui en apprentissage, soit 24 étudiants contre 160 pour le cycle ingénieur mécanique et génie industriel et 80 en chimie.