Encore aujourd’hui, l’ingénierie demeure principalement masculine, décourageant ainsi de nombreuses lycéennes à poursuivre vers cette filière. En 2011, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) a initié le concours Ingénieuses pour remédier à la sous-représentation des femmes dans le domaine de l’ingénierie. Études Tech était présent à l’édition 2023 des Ingénieuses. Retour sur les lauréates du concours.
Concours Ingénieuses 2023, à l’initiative de la CDEFI
En 2022, dans les écoles d’ingénieurs, on compte seulement 29 % de femmes étudiantes contre 23 % en 2016. Si celles-ci sont plus nombreuses, elles restent encore trop peu à s’orienter vers les filières scientifiques, à l’exception de la filière santé. En ce qui concerne la rémunération, les femmes ingénieures touchent un salaire médian de 50 000 euros bruts annuels contre 59 000 € bruts par an pour les hommes ingénieurs. Afin de sensibiliser les jeunes générations et le grand public à ces problématiques, la CDEFI a mis en place un concours annuel visant à récompenser les meilleures réalisations d’écoles d’ingénieurs ainsi que les femmes ingénieures qui promeuvent la diversité des genres sur le marché de l’emploi, en particulier dans le secteur de l’ingénierie.
Depuis sa création, 350 projets déposés par des écoles et 37 lauréates ont été récompensées. Pour trouver les lauréates de l’édition 2023 d’Ingénieuses, trois appels à candidatures ont été lancés : le premier s’adresse aux écoles d’ingénieurs accréditées par la Commission des Titres d’Ingénieurs (CTI), le deuxième aux étudiantes en ingénierie de France et du Maghreb, et le troisième aux femmes ingénieures en activité.
Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, était présent sur place : « La réindustrialisation du pays sera la priorité des années à venir. Et la formation joue un rôle central : il n’y a pas d’usine sans ingénieurs. Actuellement, nous manquons de 5 400 ingénieurs par an en France, ce qui est considérable. Pour y remédier, 1 000 places en école d’ingénieurs seront créées dès la rentrée prochaine, soit une augmentation du volume globale de 20 % à horizon 2027. Le second enjeu est la féminisation du secteur. Aujourd’hui, les femmes représentent seulement 25 % des effectifs dans les écoles d’ingénieurs. Notre ambition est d’atteindre la parité totale, soit 50 %. Cela suppose de transformer l’image de l’industrie auprès des jeunes générations et en particulier auprès des jeunes filles. Je suis favorable à ce que les élèves au collège passent un moment dans une industrie afin de découvrir ce secteur passionnant et au potentiel fort. Les biais de représentation sur les métiers sont encore trop importants. Il est nécessaire de créer des modèles d’ingénieures. »
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Les écoles d’ingénieur·e·s, lauréates de l’édition 2023
Le prix des écoles d’ingénieurs vise à récompenser toutes celles qui ont déposé un projet répondant à l’un des critères de l’opération Ingénieuses, que ce soit la promotion de la mixité des genres dans le monde de l’ingénierie ou bien la lutte contre les stéréotypes dans le domaine. Au total, quatre prix ont été remis.
Pour la première fois dans l’histoire du Concours Ingénieuse, un prix Lycéen a été remis par des lycéens de la région parisienne, présents à la cérémonie. Ces derniers l’ont attribué à Toulouse INP – ENSEEIHT pour son Projet “WomeN7”. Celui-ci a été créé pour répondre à deux constats : d’une part, une sous-représentation des femmes dans les métiers d’ingénieurs, et d’autre part, un manque de diversité sociale, où l’accès aux écoles d’ingénieurs est plus difficile pour certains groupes. Cette année, l’N7 prévoit d’accueillir 200 collégiennes provenant de zones rurales d’Occitanie et de zones d’enseignement prioritaire REP/REP+. L’objectif de ce programme est de leur faire découvrir le métier d’ingénieur dans un contexte exclusivement féminin.
Le prix de l’école la plus mobilisée catégorie administration, lui, a été remis à l’UTC pour son projet “Mois de l’égalité” par Priscilla Le Lièvre, cheffe de projet partenariats chez Elle bougent. Florian Trichaud, Président du Bureau national des élèves-ingénieurs (BNEI) était présent pour remettre le prix de l’engagement étudiant à Grenoble Ense3 et leur étudiante Anna Ramos avec son podcast “Épopée de femmes”.
Enfin, le prix du projet le plus original a été remis à Mines Saint-Etienne pour son projet Sciences en tous genres. Son originalité ? Présenter autrement certains métiers scientifiques aux collégiennes (3e) et lycéennes, mais aussi à des groupes mixtes, pour ouvrir leurs horizons de formation, faire entrer d’autres possibles dans leur imaginaire professionnel, mais aussi pour faciliter leur prise de parole.
Enfin, le prix spécial du jury est remis au INSA Hauts-de-France pour son projet “Filles, osez les sciences”. L’école d’ingénieurs s’est vue remettre, comme les autres écoles lauréates, un prix d’une valeur de 500 euros pour contribuer au développement du projet.
Les deux lauréates du Prix élèves-ingénieuses
Le prix d’élève-ingénieuse destiné à honorer une étudiante en ingénierie qui sert de modèle pour les plus jeunes en raison de son parcours académique, de ses aspirations et de son engagement associatif. Deux prix ont été remis : Prix de l’élève-ingénieure France et le Prix de l’élève-ingénieure Maghreb.
Concernant le prix de l’élève-ingénieure France, il a été décerné à Léa Gaonac’h, étudiante à l’école Chimie Paristech-PSL. Celle-ci s’est vue remettre un prix d’une valeur de 1 000 euros.
Créé en collaboration avec l’Agence universitaire de la Francophonie, le prix de l’élève-ingénieure Maghreb a été attribué à Hafssa El Marchani, étudiante à ENSAM Rabat. Celle-ci s’est vue remettre la somme de 500 euros.
Ingénieuses 2023 : Les deux lauréates du Prix de la femme ingénieure
Deux prix de la femme ingénieure ont également été remis : le premier à Gaëlle Rondepierre, ingénieure de recherche avancée en physico-chimie chez L’Oréal et docteure de l’ESPCI Paris, diplômée de CentraleSupélec. La seconde ? Julia Cantel que rien ne prédestinait à une carrière d’ingénieure. Elle témoigne : « À l’époque, je n’aurai jamais imaginé devenir ingénieure. Initialement inscrite pour suivre un BTS en esthétique, je me suis finalement dirigée vers une classe préparatoire scientifique, sur les conseils de mes professeurs et le soutien de ma famille. Aujourd’hui, je suis cheffe de projet chez EDF Energy, diplômée de l’ENSCR et titulaire d’un master de chimie à Paristech-PSL, comme quoi, tout est possible ! »
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