Iberdrola, entreprise spécialisée dans les énergies vertes, a installé des éoliennes à la place des tourniquets de la station de métro Miromesnil. Entre coup de comm’, sensibilisation et enjeux technologiques pointus, on se penche aujourd’hui sur ces éoliennes en sous-sol.
Iberdrola et sa petite prouesse technique
Une construction hybride innovante
Si la technologie à la base du fonctionnement des éoliennes en surface est parfaitement maîtrisée depuis la seconde moitié du XXè, les éoliennes souterraines d’Iberdrola ont nécessité la conception d’un nouveau système, à la croisée entre mécanique et horlogerie, pour générer de l’électricité avec des mouvements non continus et très courts (un tiers de tour de tourniquet par passage).
Ces “premières éoliennes souterraines du monde” ont été conçues par les étudiants de l’École d’ingénieurs Junia à Lille et sont le fruit d’un an de travail. Les tourniquets sont éco-conçus à partir de matériaux bio-sourcés et recyclés ; “localement” d’après l’entreprise (qui ne précise pas où). Leur installation à Paris pour les 15 et 16 juin est une manière originale de célébrer la journée européenne du vent… avec des éoliennes sans brise !
Un acte militant de sensibilisation
Iderbola revendique un acte sensibilisant les parisiens à l’impact de “chaque petit geste du quotidien” pour l’environnement. Le but est également d’élargir le champ des possibles de la production d’énergie renouvelable : en plaçant des éoliennes dans un lieu aussi contre-intuitif que le métro, l’entreprise réalise une action pédagogique forte.
Une écrasante majorité des passagers a très favorablement réagi à cette opération ; quand on sait que 44% des français se sentent mal informés sur l’éolien, le besoin de communication autour du sujet semble évident. Si l’initiative est pour l’instant 100% parisienne, on pourrait espérer que de telles campagnes s’adressent bientôt à toute la France, en particulier là où des riverains sont confrontés à la réalité physique des éoliennes. Iberdrola a d’ailleurs annoncé sa volonté de déployer ce dispositif dans d’autres villes, en France et à l’étranger (la ville de Madrid a manifesté son intérêt), et dans d’autres contextes comme des sièges d’entreprises.
Pour accentuer l’effet, le prototype de tourniquet est moulé pour ressembler à des pales d’éoliennes…
On notera d’ailleurs que le projet est issu d’une collaboration avec les agences de communication Weber Shandwick Paris, McCann Paris, Mediabrand et Eventools.
Éoliennes dans le métro : l’étape des prototypes
Une production pour l’instant anecdotique
Comme on pouvait s’en douter, la quantité d’énergie produite par ces éoliennes du métro n’excède pas 2160 watts sur deux jours, soit juste assez pour alimenter les écrans du stant de la station (ou pour faire rouler une Smart sur 5km). Si le dispositif était généralisé à l’ensemble du réseau, les usagers du métro généreraient le chiffre colossal de 150 MWH en un an, de quoi chauffer électriquement… entre 40 et 50 foyers.
Oui, c’est peu. Très peu, quand on songe qu’il y a tout de même 1,7 milliard de passagers chaque année et 303 stations dans le métro parisien. Et lorsqu’on place ce rendement face au coût du projet (non communiqué, mais qu’on imagine sans peine bien supérieur, ramené au MWH, à celui d’éoliennes classiques), on se rend effectivement compte qu’au-delà de la comm’, les éoliennes du métro ne semblent pas viables.
Iberdrola : une illustration visible d’avancées réelles
Au-delà de la capacité du projet à amener les français à se renseigner sur l’éolien et à y être favorable, l’effet d’annonce met en lumière une résolution de la RATP plus terre-à-terre et in fine plus utile pour l’environnement. La RATP a en effet signé en 2021 un contrat avec EDF pour que 4% de sa consommation annuelle provienne de l’énergie éolienne d’ici 2023, et 6% solaire, principalement pour le fonctionnement des bâtiments de la RATP.